Graphiste indépendante et plasticienne installée à Fribourg, Marie-Luce Deschenaux développe une pratique artistique nourrie par l’expressionnisme et l’abstraction. Dans sa manière de créer, on devine une façon d’être au monde: libre, indisciplinée, engagée et guidée par le désir de faire résonner une émotion brute.

AU SUJET DE L’ŒUVRE

À l’image des fermes d’autrefois, où le fumoir occupait les combles pour conserver la viande, c’est ici – au sommet de la tour Benneville – que j’installe Le Fumoir. Un lieu suspendu entre ciel et terre où s’orchestre un tête-à-tête silencieux entre une fille et son père, ancien boucher: un DUO posthume. 

Dans cette série, la peinture devient chair. Je découpe, lacère, superpose la matière avec force et intensité en interrogeant mes propres gestes: peut-être que je cisèle la toile comme mon père tranchait la viande? Deux pratiques, deux mondes en apparence éloignés, mais une même mémoire du corps à l’œuvre. Un binôme. Un dialogue muet s’installe dans la rudesse du faire. Le Fumoir devient un espace de mutation. On y conserve, on y transmute. Les couches de peinture épaississent les traces du passé, et le geste – transmis, détourné, revisité – devient langage. Ce DUO entre tendresse et confrontation esquisse une réflexion intime sur la filiation, l’héritage, la transformation et l’art comme prolongement du lien.